jeudi 11 février 2010

Témoignages de parents

Expertise unique
Je suis médecin et maman d'une petite Juliette âgée de 18 mois, née avec un syndrome de Pierre Robin isolé méconnu jusqu'à la naissance. J'habite en Province, dans le Sud-Ouest plus exactement. Les premiers jours de vie de Juliette furent laborieux, elle ne pouvait s'alimenter et faisait des épisodes de détresse respiratoire. Elle a été référée sur le CHU le plus proche Bordeaux en néonatologie, ensuite nous avons vu un chirurgien pédiatrique non maxillo-facial au bout de 2 mois. L'état de santé de Juliette devenant préoccupant, l'alimentation étant très risquée car elle avait un trouble de la succion déglutition marqué et je ne pouvais l'alimenter qu'avec des tétines molles que je découpais d'où un risque accru de fausse route, nous sommes partis à l'hôpital ArmandTrousseau sur les conseils de mon pédiatre qui voulait l'avis d'un centre de référence. La prise en charge a été optimale avec enfin des gens qui possédaient l'expérience, la connaissance du syndrome et surtout des solutions adaptées. Juliette a été initialement vue en consultation par le Dr S, puis hospitalisée 3 semaines dans l'unité de Gastro-Entérologie pour un bilan du syndrome et une prise en charge nutritionnelle. Elle a eu ensuite 2 chirurgies plastiques et est en attente de la 3ème. Parallèlement elle est suivie sur le plan ORL en raison d'otites séreuses chroniques entravant l'audition et nous sommes cette semaine allés à une 1ère séance de guidance orthophonique. On peut dire aujourd'hui que Juliette va bien mais avant cette prise en charge sur Trousseau, ce fût un véritable parcours du combattant pour notre famille entre ceux qui n'avaient pas vu de Pierre Robin depuis 20 ans et ignoraient comment on alimentait ses bébés, ceux qui pensaient que le syndrome était toujours polymalformatif avec un handicap psycho-moteur, d'autres qu'il y aurait probablement une atteinte hypothalamo-hypophysaire. Quelle angoisse !!! Je tiens à remercier le Dr S et toutes les personnes présentes à L'hôpital Armand Trousseau qui nous ont soutenu et aidé Juliette dans des moments particulièrement difficiles.
Comment dois-je envisager l'avenir de ma fille sans cet hôpital de référence sachant qu'il n'y a pas d'équivalent au niveau régional ?



Leucémie aigüe
C'était après quatre jours de fièvre intense qu'aucun médicament ne parvenait à contenir, après une prise de sang, que le diagnostic d'une leucémie aigüe fut posé pour notre petite fille de cinq ans, c'est le ciel qui nous tombait sur la tête.
Alors elle fut admise en urgence à l'hôpital Armand TROUSSEAU. En remplaçant de temps en temps les parent qui se relayaient 24 heures sur 24 auprès d'elle, de quoi peut-on témoigner ?
- d'une prise en charge immédiate,
- d'un niveau de professionnalisme incroyable dans la précision du diagnostic et la mise en place d'un traitement complexe, adaptée et prolongé,
- d'un dévouement de tous les instants ; il suffit d'avoir passé une nuit auprès d'une petite fille en cure intense pour se rendre compte que c'est pratiquement toutes les demi-heures que l'on vient pour changer l'ampoule du pousse seringue, les produits de transfusion ou déplacer doucement l'enfant pour éteindre le "bip d'alerte" et rétablir la perfusion,
- d'une patience et une affection infinie pour faire accepter au petit enfant les soins ou les médicaments indispensables et vitaux,
- d'une approche de l'enfant dans sa globalité, au-delà des soins, pour leur faire vivre aussi bien que possible avec le traitement leur vie d'enfant en jouant avec l'animatrice qui vient passer un moment dans leur chambre ou en riant avec les clowns venus les distraire derrière le masque que chacun doit toujours porter en secteur protégé.
Quand après trois ans de traitement, alors que la petite fille vit une sorte de renaissance, que les séquelles d'un traitement aussi lourd disparaissent peu à peu, on apprend qu'on veut fermer Armand TROUSSEAU on est abasourdi !
Certains pourraient penser que l'expérience du drame personnel empêche de voir rationnellement les choses. J'ai le sentiment qu'au contraire cette expérience permet de témoigner et de révéler la vraie réalité de ce qui est en jeu avec ce projet de fermeture.
La santé a évidemment un coût, et rien ne saurait l'exclure du débat démocratique.
D'ailleurs la communauté médicale et la direction de TROUSSEAU ont travaillé à un projet visant à optimiser l'utilisation des ressources publiques, regroupant l'ensemble des services dans 3 bâtiments au lieu des 10 actuels, mutualisant les lits d'hospitalisation ... avec la préoccupation de l'intérêt des enfants malades et de leur famille
Mais quand l'argent devient la fin et le seul critère de toute de décision, on a le sentiment de glisser doucement, mais hélas assez sûrement, dans la barbarie.
Alors on se dit qu'entre le bouclier sanitaire pour protéger nos petits de la leucémie et le bouclier fiscal qui protège les plus riches de l'impôt il faut peut-être savoir choisir.

Avec une grande reconnaissance pour le professionnalisme et la profonde humanité  de l'unité de traitement des leucémies d'enfants de TROUSSEAU.

5 commentaires:

Sylvia D. a dit…

Je connais l'hôpital Trousseau depuis longtemps.
Mon filleul, né il y a 28 ans avec un insuffisance reinale grave et autres problèmes, à fait un séjour de deux années à partir de sa naissance.
Mon fils devenu paraplégique est suivi actuellement à Trousseau.

Je connais une infirmière qui y travaille.

Une chose est certaine, le manque de personnel peut entâcher la qualité de service mais raremant la qualité humaine.

Non seulement il ne faut pas fermer l'hôpital Trousseau mais il faut lui donner plus de moyens.

L'état à bien renfloué les caisses de certaines banques privées.

La santé des enfants qui seront les adultes de demain est bien plus importante que la santé financière d'établissements qui ne profitent qu'aux nantis.

Il faut que les décisionnaires écoutent les personnels soignants avant tout ! Ce sont eux qui sont le mieux placés pour dire ce qui est bien et ce qui ne l'est pas.
Ce n'est pas en regardant par la fenêtre de son ministère ou de son bureau d'études qu'on peut se rendre compte de la réalité sur le terrain.
Oh je sais bien qu'ils se déplacent et vont "voir" sur place, mais dans quelles conditions ? Tout le monde doit être au petit soin du visiteur prestigieux qui ne restera qu'une demie heure ou une heure pour faire le tour. Ce n'est pas en 1 heure qu'on peut se rendre compte de tout ce qui se passe dans un hôpital. Alors ces visites qui sont des visites surtout pour "faire style", il faut arrêter.

Il faut, par contre, penser aux usagers (qui votent en passant)! Un service public doit être au service du public et pas l'inverse.

Marie-Céline a dit…

Notre fils suit, depuis 2 mois, un traitement lourd à Trousseau pour une leucémie, diagnostiquée début décembre. Il a 7 ans. Le traitement d'une telle maladie se fait sur 3 ans, si tout se passe bien.
Il a passé le premier mois à l'hôpital, soit 31 jours et il n'a jamais passé une journée et/ou une nuit seul. Pourquoi ? Pour 2 raisons principales. La première est qu'à l'Hôpital Trousseau, les parents font parties intégrantes du processus de guérison. Nous sommes autorisés, et même sollicités, pendant les examens, même les plus durs ; nous pouvons dormir avec lui. Même après le passage au bloc pour la pause du cathéter central, j'ai pu être auprès de lui en salle de réveil. A 7 ans, il n'imagine pas que ses parents ne puissent pas rester à ses côtés lorsqu'il souffre, qu'il a peur ...
La deuxième raison est que rester avec lui était possible car nous habitons dans l'Est parisien et que l'hôpital Trousseau est un établissement de qualité et proche de notre domicile. S'il avait été à Debré ou à Necker, avec 3 autres frères et soeur à la maison, comment cela aurait-il été possible ?
Le malade, ses frères et soeurs, ses parents, sont tous pris en charge par un personnel compétent, professionnel, et tellement humain, patient, répondant à toutes les questions, ne comptant pas leur temps pr y répondre. Un diagnostic pareil fait un choc, boulverse toute la famille, vous met K.O. au premier sens du terme ! Beaucoup de problèmes d'organisation se posent, en plus de la peur qui reste là, quoiqu'il arrive. Le fait que Trousseau soit à moins de 20mn en voiture permet de se focaliser sur le malade, et de mettre toute son énergie dans sa guérison ...
Maintenant, il suit son traitement en hôpital de jour, et régulièrement, à la demande de mon fils, nous allons voir à l'étage au-dessous des visages connus du temps de l'hopitalisation, et avec grand plaisir. Combien de patients dans combien d'hôpitaux le font ???
Pour nos enfants, nos familles, qui habitons dans l'Est parisien, il ne faut pas que les services spécialisés de Trousseau disparaissent, s'il vous plait. Il ne faut pas délaisser et ne pas prendre en compte les maladies dites rares, justement parce qu'elles le sont. Les parents de tels patients ont vraiment besoin d'être prêts d'eux, et de leur famille.

montgaret a dit…

mon fils de 9 ans a été reçu à Trousseau pour examens complémentaires suite à cystites à répétition, en l'occurrence échographie et scanner.
Il doit y retourner pour une scintigraphie +/- cystographie : j'espère bien que le service d'imagerie pourra me recevoir dans les mêmes conditions et avec la même qualité d'accueil.
Une équipe souriante et compétente, ça ne se voit pas partout.
D'ailleurs en dehors de l'appréhension qui accompagne toujours ce genre de situation chez le jeune, mon enfant en garde un excellent souvenir, et serait très déçu de ne pouvoir faire ces autres examens avec le même personnel.
Il ne faut pas fermer cet hôpital mais au contraire préserver ses moyens et les conditions de travail pour les infirmières et médecins, mais aussi toutes les petites fourmis qui font de cet hôpital un GRAND hôpital pédiatrique

Anonyme a dit…

La grande absente de ces débats est Mme Pécresse : Cette réforme va faire disparaître des centres de recherches, des postes de stages d'internes et d'externes et on entend pas Mme le Ministre chargée de l'Université ? Comment vos élèves vont-ils apprendre la médecine si ce n'est sur le terrain ? Pourquoi ne vous entend-on pas, Mme le Ministre ? Quel va être le niveau de nos futurs médecins pédiatres ? Trousseau donne la possibilité aux internes d'apprendre à soigner les enfants pr des maladies rares et graves, voire mortelles ? D'apprendre à leur parler, à parler aux familles, à gérer leurs douleurs et vous savez très bien que ce n'est pas à la fac que ça se fait !!!! C'est sur le terrain ... dans les hopitaux comme Trousseau ! Les internes en médecine doivent faire 4 stages de 6 mois pdt leurs études ...Combien y a-t-il de places dans les services spécialisés en pédiatrie dans les hôpitaux français? Quelles qualifications auront les futurs pédiatres ? Comment trouveront-ils leurs stages,les places sont déjà tellement limitées dans les services spécialisés !!!! Pourquoi ne dites-vous rien, Mme Pécresse ?
Et pour les centres de recherches, comment pouvez-vous accepter qu'ils soient totalement rayés de la carte ? Il s'agit de la médecine de demain, et d'après-demain. Voulez-vous vraiment être le ministre qui a balayé l'excellence de la pédiatrie française ?

Marie-Céline
Mon fils, Abel, est suivi à Trousseau pour une leucémie depuis novembre 2009.

Alexandra a dit…

ma petite fille de 3 ans a été hospitalisée d'urgence dans un service pédiatrique d'un hopital de la banlieue est de paris, donc je tairai le nom. Elle souffrait d'une pyélonéphrite aigüe qui a nécessité 5 jours d'antibios en perfusion. Nous avons gardé un souvenir épouvantable de cet épisode, n'ayant à qques exception près rencontré aucune empathie ni chaleur dans la relation avec les soignants, aucune prise en charge de la douleur, aucune psychologie pour expliquer les soins à une petite fille de 3 ans terrorisée ou pour éviter de la réveiller en pleine nuit en allumant la lumère a fond pour voir le bébé du lit à coté...d'ailleurs les petits malades étaient appelés par des lettres et des chiffres, j'ai entendu les soignants en parler entre eux comme si c'était des simples numéros...
aussi quand nous avons suspecté une récidive de pyélo, nous sommes allés aux urgences de Trousseau, même si c'était bien moins pratique..et là quel choc : des équipes patientes et dévouées entièrement au bien être de l'enfant, l'utilisation d'un masque au MEOPA pour la prise de sang, de la douceur, le temps de faire tous les examens nécessaires...c'était tout simplement le jour et la nuit avec l'expérience précédente
je suis consternée de penser que cet établissement pourrait fermer...