Armand-Trousseau et l'Hôtel-Dieu se mobilisent contre le sort que leur réserve le plan de restructuration de l'AP-HP
LE MONDE | 09.02.10 | 14h47 • Mis à jour le 09.02.10 | 14h47
Après l'émoi, la mobilisation. Opposés au départ d'une partie de leur activité vers d'autres établissements dans le cadre de la restructuration de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), les responsables médicaux d'Armand-Trousseau et de l'Hôtel-Dieu, deux établissements particulièrement visés, passent à l'action. |
Les médecins de Trousseau, haut lieu de la pédiatrie de l'est parisien, viennent de lancer un blog et une pétition pour continuer à défendre leur projet, baptisé "Nouveau Trousseau". Il a pourtant été rejeté, mi-janvier, en conseil exécutif, où siègent représentants de la direction et du corps médical et où se prépare le plan stratégique 2010-2014 de l'AP-HP. L'instance a préféré le démantèlement, même si l'hôpital proposait une restructuration, avec mutualisation des lits des divers services et réduction du nombre de bâtiments.
L'idée d'un transfert des spécialités de Trousseau à Robert-Debré et Necker, les deux autres hôpitaux pédiatriques de référence, est pour l'instant retenue. A Necker, un nouveau pôle mère-enfant est même en cours de construction. Une visite de Roselyne Bachelot y est d'ailleurs programmée, mercredi 10 février, la ministre de la santé devant y faire le point sur les chantiers massifs du plan de modernisation Hôpital 2012.
Estimant que la transformation de Trousseau en un hôpital pédiatrique de proximité constituerait une dégradation de l'offre de soins, ses médecins devaient se réunir, mardi 9 février, pour préparer une journée de mobilisation, avec personnels, artistes, patients, riverains... "Nous devons agir avant les élections régionales, parce qu'après, ce sera râpé", explique Daniel Annequin, le porte-parole du collectif Nouveau Trousseau.
Déjà, les têtes de liste des Verts Cécile Duflot et de l'UMP Valérie Pécresse défilent au chevet de l'hôpital. Tout comme Jean-Paul Huchon (PS), qui a dénoncé des transferts dictés par "des motivations purement comptables".
Les messages du ministère de la santé et de la direction de l'AP-HP rappellent que rien ne sera tranché avant juin. C'est-à-dire après la concertation préalable de tous les acteurs. Mais l'information ne rassure pas. "Je veux que l'on me prouve que l'orientation retenue va permettre de gagner en efficience", réagit, "désespéré", le Pr Noël Garabédian, président du comité médical consultatif. Il doute de la capacité des autres sites à accueillir tous les cas difficiles de l'est parisien.
A l'Hôtel-Dieu, qui pourrait aussi perdre une bonne partie de ses activités, les interrogations sur le sort des malades sont identiques. "Une analyse de flux a-t-elle été faite ?", demande le Pr Jean-Louis Pourriat, chef des urgences, inquiet notamment pour les SDF qui ne pourront plus y être hospitalisés. Vendredi 5 février, il a lancé avec la maire PS du 4e arrondissement, dont il est adjoint, une pétition contre le "dépeçage" du plus vieil hôpital de Paris.
La restructuration et la question de l'emploi à l'AP-HP ne cessent d'inquiéter. Lundi 8 février, le Conseil de Paris a unanimement dénoncé les suppressions massives de postes envisagées, et a souhaité la mise en place d'un autre projet pour l'Hôtel-Dieu. Une pétition, lancée par le Mouvement de défense de l'hôpital public en 2009, trouve, elle, un second souffle. Elle a reçu la semaine passée 80 000 signatures, et en serait à un total de 277 000.
S'il s'oppose fortement aux suppressions de postes non médicalement justifiées, le Pr Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement, le parlement de tous les médecins de l'AP-HP, rappelle que la restructuration est indispensable, même si certaines décisions sont douloureuses. "Il faut dégager des priorités d'investissements, et procéder à des regroupements",résume-t-il.
De fait, l'institution doit retrouver l'équilibre budgétaire en 2012. Les capacités d'investissements sont limitées, et de nombreux sites sont vétustes, comme Trousseau et l'Hôtel-Dieu. Le Nouveau Trousseau coûterait 100 millions d'euros, alors que seuls 450 millions sont prévus chaque année pour les 37 hôpitaux. Aussi chaque établissement fait-il ses comptes.
Article paru dans l'édition du 10.02.10.
1 commentaire:
Necker s'est vu offert 94 millions d'euros...pourquoi pas trousseau....cf le canard enchainé...
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