jeudi 3 juin 2010

Les députés défendent Trousseau (l'Humanité 2 juin 2010)


L’hôpital pédiatrique parisien, en lutte contre sa future restructuration, a reçu la visite et le soutien de parlementaires, hier. Les personnels portent un projet alternatif au plan de démantèlement de l’AP-HP.
Trousseau, toujours sur le pied de guerre. Les médecins et les syndicalistes de l’hôpital pédiatrique du 12e arrondissement de Paris, en présence de la directrice de l’établissement, ont fait part, hier, de leurs inquiétudes aux députés Sandrine Mazetier (PS), Jean-Pierre Brard (apparenté PCF) et Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre). Après la démission médiatisée de ses fonctions administratives du professeur Bensman, la mobilisation monstre du 8 mars, les employés de Trousseau attendent un coup de pouce des hommes politiques. Le sentiment d’urgence ne faiblit pas depuis janvier avec l’annonce du plan stratégique de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) qui prévoit de dépouiller Trousseau de ses spécialités pédiatriques pour en faire un hôpital de pédiatrie générale. « C’est tout à fait normal de vouloir restructurer. Mais c’est fait avec un tel amateurisme qu’on attend toujours les arguments de poids pour justifier ça », s’indigne Noël Garabédian, professeur d’ORL à Trousseau.
En cohérence avec les exigences d’économies de l’AP, médecins et syndicats défendent leur projet du « nouveau Trousseau ». Exit la structure pavillonnaire, les activités seraient regroupées en trois bâtiments. Au final, la construction du troisième bâtiment reviendrait à 70 millions d’euros. En face de l’équipe de Trousseau, les députés acquiescent. « Vous prêchez un convaincu », lui lance Jean-Pierre Brard. Pour évaluer l’activité de l’hôpital, un collège d’experts devrait visiter Trousseau le 18 juin. Cette annonce intrigue les parlementaires. Ils s’interrogent sur l’indépendance de ces experts. Deux chirurgiens, deux pédiatres français et une pédiatre anglaise sont pour l’heure désignés. « On est étonné que le directeur général et le président de la communauté médicale d’établissement soient partie prenante dans cette histoire alors que la commission est censée être impartiale », répond Noël Garabédian, sachant que c’est la direction générale qui veut priver Trousseau de ses spécialités. « Mais comment le résultat de l’expertise sera-t-elle pris en compte sachant que le comité exécutif de l’AP-HP se réunit le 30 juin pour présenter le plan de restructuration définitif  ? » questionne Sandrine Mazetier. Nul ne le sait.
Jean-Pierre Brard propose alors la demande d’un moratoire. Le professeur Garabédian s’en réjouit  : « C’est bien, ça montre que notre cause touche tous les députés, de droite comme de gauche, nous avons eu la visite d’Edwige Antier la semaine dernière », précise-t-il. Pour éviter un scénario à la Saint-Vincent-de-Paul, soit une mort lente de cet hôpital parisien depuis dix ans, les employés de Trousseau comptent sur le soutien des députés.
Cécile Rousseau

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