lundi 21 juin 2010

Le Parisien 21 juin


Edition Abonnés - Paris

XIIE

Les médecins dénoncent «une catastrophe pour les enfants »

 
CATHERINE BALLE | 21.06.2010, 07h00
Ils parlent de « démantèlement », de « dépeçage » et de « gâchis énorme ». A la suite de l’annonce, en catimini, de l’avenir de la pédiatrie à l’hôpital Armand- Trousseau (XIIe), plusieurs médecins éminents s’insurgent. Samedi, Benoît Leclercq, le directeur général des Hôpitaux de  (AP-HP), et le professeur Pierre Coriat,  de la commission médicale d’établissement, ont dévoilé la liste des services qui devraient quitter Trousseau.
Soit une dizaine de « surspécialités », celles qui concernent les maladies des reins, des hormones, de l’appareil digestif et du système nerveux, les greffes de rein et de foie et l’unité des brûlés. 
Ces services seront transférés entre trois hôpitaux, Necker (XVe), Robert- Debré (XIXe) et Bicêtre (Val-de- Marne). Une redistribution qui intervient dans le cadre de la restructuration de l’AP-HP, visant, d’ici à 2012, à « rationaliser »…Et à faire des économies. Ces transferts ne sont pour l’instant que des « recommandations » formulées par des experts, mais elles ont toutes les chances d’être appliquées. Samedi, tout en insistant sur les spécialités qui resteraient à Trousseau (les urgences, la pédiatrie générale, la néonatalogie, la réanimation néonatale, la chirurgie digestive…), Benoît Leclercq et le professeur Coriat ont martelé qu’il n’y aurait « aucune diminution de l’offre de soins ». 
Des arguments qui sont loin de convaincre Alain Chantepie, président de la Société française de pédiatrie. «C’est moins dramatique que les transferts initialement annoncés, assure ce dernier. Mais j’espère que ce n’est pas une première étape vers un démantèlement . » Patrick Tounian, secrétaire général de la Société française de pédiatrie et pédiatre et nutritionniste à Trousseau, se montre plus virulent : « C’est la pire des décisions ! Les services qui resteront vont être très affaiblis. C’est comme si on coupait ses deux bras à Trousseau et qu’on la laissait agoniser. Aujourd’hui, on a des délais d’attente de trois à six mois. Ceux qui en auront les moyens auront recours au privé. » Le professeur Albert Bensman, chef du service de néphrologie pédiatrique à Trousseau, tempête : « Pour les enfants gravement malades, c’est une catastrophe ! Alors qu’on construit le Grand Paris, on démantèle l’un des plus grands hôpitaux pédiatriques de France…»Alain Bensman dénonce également la « brutalité » de l’AP-HP, qui « n’a tenu compte ni de l’avis des médecins ni de celui des politiques ». Jeudi, Bertrand Delanoë s’était dit « particulièrement inquiet du démantèlement programmé de ce centre d’excellence de la pédiatrie qu’est Trousseau ». En février, Jean- Paul Huchon, le président (PS) de la région Ile-de-France, avait également déclaré son « opposition au démantèlement de Trousseau ». « De toute façon, on ne bougera pas, commentait hier un médecin. Il faudra qu’on vienne nous chercher avec les gendarmes. »

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