Jean-Marie Le Guen : «Les hôpitaux de Paris ont subi une véritable maltraitance»
Le député PS Jean-Marie Le Guen arrive à l'Assemblée nationale le 18 juin 2012 à Paris (AFP)
Interview A la veille d'un conseil de surveillance de l'AP-HP, son président dénonce la gestion des dernières années.
Recueilli par ERIC FAVEREAU
On entend moins parler des hôpitaux de Paris.
Cette semaine, pourtant, s’annonce importante, avec mercredi une
réunion du conseil de surveillance. Les hôpitaux de Paris subissent une
forte rigueur budgétaire. Mais pour aller où?
Jean-Marie Le Guen, député socialiste, est adjoint au maire de Paris, en charge de la santé. A ce titre, il vient de retrouver son poste
de président du conseil de surveillance de l’Assistance
publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). Avant la réunion de ce conseil
mercredi, il fait le point sur l'AP-HP. Et critique vertement la gestion
des années passées.
Comment va le «plus grand hôpital d’Europe»?
En convalescence. Nous allons tenter de le faire redémarrer et lui
redonner confiance. Pendant cinq ans, les hôpitaux de Paris ont subi une
véritable maltraitance, avec la seule logique comptable pour les faire
vivre. L’AP-HP a été systématiquement critiquée, vilipendée, humiliée par les pouvoirs publics, avec des pressions budgétaires très fortes et une attitude de mépris et de refus de dialogue…
Certes, mais l’AP-HP était riche, et il y avait nécessité de la réorganiser…
Bien sûr qu’il fallait s’adapter, mais le seul critère qui était mis
en avant était un critère comptable: faire des économies par des
suppressions d'emplois. Or, la réorganisation de l’offre de soins doit
avoir d’autres objectifs: elle doit s’adapter à la demande, à la montée
en puissance des maladies chroniques, par exemple.
Le regroupement des hôpitaux des vingt établissements en sept groupes, vous le critiquez aussi?
Pas sur le principe, mais il y a eu des erreurs. Tenter de fermer
l’hôpital pédiatrique Trousseau était une bêtise. A Paris, nous avons
besoin de trois hôpitaux pédiatriques. Pour le reste, moderniser
l''hôpital, mutualiser les moyens est utile, et mieux définir l’identité
de chaque hôpital est important.
Vous pouvez être plus précis?
La réforme des maternités a montré la direction dans laquelle il faut
aller pour garantir une prise en charge adaptée à tous. Aujourd’hui en
France, elles sont classées en trois niveaux: un niveau de base, un
niveau de compétence, et puis un niveau de haute spécialisation avec un
service de réanimation néonatale. Il faut aller dans le même sens, par
exemple en cancérologie : les services ne doivent plus être éclatés mais
regroupés autour du malade pour simplifier le parcours de soins.
Que pensez-vous de la fermeture de l’Hôtel-Dieu ou plutôt sa transformation en un hôpital de santé publique?
J’en ai toujours été partisan. La transformation de l’Hôtel-Dieu est
une vieille histoire: à un moment, on a voulu le fermer complètement et
le vendre au Palais de justice voisin. Aujourd’hui, conserver sa
vocation hospitalière avec une offre de soins importante et innovante,
et en faire un site universitaire de santé publique, c’est une idée
juste et pleine d’avenir.
Et sans aucun lit d’hospitalisation?
Vous savez, ce n’est plus le critère.
Nous sommes passés de l’hôpital qui enfermait à l’hôpital qui couchait
les malades, et maintenant il faut aller vers un lieu qui soigne et qui
regroupe du savoir et de la technologie. Les lits ne sont plus le
repère, ce sont des nouvelles pages de l’histoire hospitalière qui sont à
écrire…
Mais aujourd’hui, qu’es-ce que l’AP-HP?
C’est certes le plus grand hôpital universitaire d’Europe, mais c’est
surtout un hôpital de Paris et de toute l’Ile-de-France. Il faut
inventer de nouvelles formes d’organisation qui nous permettent de
concilier la territorialité et l’excellence. Comme concilier des soins
d’une extrême spécialité avec des soins de proximité. Comment répondre
aux demandes de santé publique?
Les emplois vont-ils continuer de baisser à l’AP-HP?
Plus de 4000 emplois ont été supprimés dans les cinq dernières
années. Les contraintes budgétaires vont continuer, mais les diminution
d'emplois ne peuvent plus être le seul objectif de la politique
hospitalière.
Il y a une loi, elle sera appliquée. Mais il ne faut pas se focaliser
sur cette seule question, car le débat sur l’accès aux soins est bien
plus vaste que la situation d’un chirurgien qui prend trop cher.
Aujourd’hui, on ne peut pas dire que tous les services garantissent un
niveau de qualité suffisant.Il faut aller vers plus de transparence et
plus de qualité.
Avez-vous un calendrier?
Le changement, c’est tout de suite. Il faut un renouveau du dialogue
social. Il faut, par exemple, traiter en urgence la question du logement
du personnel, mais aussi soulager le quotidien des soignants par des
investissements de proximité.
Visite à Trousseau, le lundi 17 septembre de Jean-Marie Le Guen (JMLG) député, conseiller de Paris, président du
conseil de surveillance de l’APHP, de Sandrine Mazetier députée du 12ème
et de Michèle Blumenthal, maire du 12e arr., en présence de Pascal de Wilde,
directeur du groupe des hôpitaux universitaires de l’Est parisien.
Différents échanges avec
les organisations syndicales, les médecinsont été réalisés.
Il a été largement souligné que Trousseau reste un hôpital de
référence, un hôpital dynamique et réactif,
un hôpital « très bon élève »
en matière budgétaire.
Toutefois ces éléments positifs paraissent insuffisants pour rassurer la
communauté hospitalière face aux incertitudes de l’avenir.
Différents indices nous font penser qu'il y a de grands risques
que les 4 millions promis (et quasi actés) pour la rénovation des salles
d'opération n'atteignent pas les caisses de Trousseau...
La visite de JMLG ne nous a pas du tout rassuré car quand on lui
pose des questions précises à ce sujet, il nous renvoie sur une aide
financière de la Région
IDF...
Il est clair que si ces 4 millions ne sont pas attribués à Trousseau,
cela sera considéré comme un "casus
belli" qui réactivera rapidement la mobilisation des équipes hospitalières, de l'Université, des usagers, des habitants de
l'est parisien ( et ceux du 12ème en particulier...)
Nous devrions connaître dans les prochaines semaines, les véritables
intentions de la
Direction Générale.
Dr Daniel
Annequin
Porte parole du Collectif pour un Nouveau Trousseau
Catherine Baratti Elbaz élue au conseil d’arrondissement du 12e et adjointe à la Maire en charge des questions de voirie et déplacements – 18 septembre 2012 Posted in: A la une, Paris, le 12e
Lors du Conseil d’arrondissement du 17 septembre 2012, nous
avons déposé un Vœu concernant le nouveau projet médical de l’hôpital
Trousseau. Ce même jour, notre députée Sandrine Mazetier visitait les services de cet hôpital.
Entrée de l'hopital Trousseau. Crédits Pierre-Clément Julien
Considérant que l’hôpital Trousseau est un acteur majeur en matière de périnatalité dans l’Est Parisien et en Ile-de-France,
Considérant que parmi les maternités de recours en Ile-de-France,
Trousseau représente le seul ensemble périnatal adossé à un ensemble
omni-pédiatrique,
Considérant que Trousseau est la plus importante structure de France dédiée à l’enfant brulé,
Considérant que le nombre toujours croissant de naissances sur le
site justifie le développement des activités de diagnostic et de
traitement du nourrisson et de l’enfant,
Considérant que ses atouts font de l’hôpital Trousseau à la fois un
centre de soins de taille humaine réalisant une médecine de proximité de
grande qualité et un site de renommée internationale doté d’un haut
niveau hospitalo-universitaire et d’un pôle majeur de recherche,
Considérant la dynamique initiée et les efforts considérables déployés
par les équipes ces dernières années pour répondre au mieux aux
contraintes médico-économiques actuelles (en privilégiant entre
autre l’activité ambulatoire) ont permis à Trousseau d’être un élève
exemplaire pour la résorption de son déficit budgétaire,
Considérant que les élus socialistes, radicaux et apparentéssont
mobilisés depuis maintenant plus de deux ans aux cotés de la communauté
hospitalière et des Parisiens, notamment des habitants du 12e,
pour le maintien et la modernisation de l’activité de l’hôpital
Trousseau, pôle d’excellence dans le domaine de la pédiatrie qu’il nous
tient à cœur de conserver dans l’Est Parisien. Cette mobilisation, qui a
rassemblé plus d’un millier de manifestants en mars 2010 n’a jamais
fléchie depuis.
Hopital Trousseau. Crédits Pierre-Clément Julien
Considérant qu’après le transfert de deux services dans un autre
établissement de l’APHP, un nouveau projet médical a été élaboré
prévoyant des investissements pour assurer le développement de l’hôpital
Trousseau.
Considérant enfin, le manque d’information claire de la part de la
direction de l’AP-HP sur les investissements réels fléchés sur
l’Hôpital Trousseau – alors qu’elle s’était engagée à plusieurs reprises
en réunions avec le personnel médical sur un montant de 3 à 4 millions
environ afin de permettre la réalisation du nouveau projet médical -
suscite à nouveau l’inquiétude des personnels, des élus et des usagers. C’est pourquoi, sur proposition des élus socialistes, radicaux et apparentés, le conseil d’arrondissement émet le vœu que :
Le Maire de Paris demande à la Direction générale de l’Assistance
Publique des Hôpitaux de Paris de veiller à la mise en œuvre des
engagements pris devant la communauté médicale, les équipes et les
usagers de réaliser le projet médical du nouveau Trousseau, et d’engager
au plus tôt les moyens financiers nécessaires (3 à 4 millions d’euros) à
sa réalisation, laquelle est essentielle pour le maintien d’une offre
de soins hospitaliers de qualité dans le 12e arrondissement.
Ce
lundi 17 septembre, j’ai visité les services de l’hôpital Trousseau
avec Jean-Marie Le Guen, député, conseiller de Paris, président du
conseil de surveillance de l’APHP, et Michèle Blumenthal, maire du 12e
arr., en présence de Pascal de Wilde, directeur du groupe des hôpitaux
universitaires de l’Est parisien, et Renaud Pellé, directeur de
l’hôpital Trousseau.
Quelques jours auparavant, j’avais adressé un courrier à Mme Mireille
Faugère, directrice de l’APHP, pour lui rappeler l’urgence de l’octroi
d’une aide financière à l’hôpital Trousseau et redire mon attachement
déterminé à ces services « de qualité et de proximité ». Vous pouvez
retrouver ma lettre ici.
Le titre de cet article laisserait croire que l'hémorragie n'aurait pas
été stoppée ; en réalité le départ de ces 2 services est connu depuis 1
an et un nouveau projet médical a pu se mettre en place ; des
perspectives ambitieuses sont désormais ouvertes pour Trousseau