Nous, parlementaires représentant l’ensemble des groupes politiques de l’Assemblée nationale, tenons à exprimer notre vive inquiétude quant au projet de la direction de l’AP-HP de « déménager » la majorité des services de pédiatrie spécialisée de l’hôpital pour enfants Armand Trousseau vers les deux autres hôpitaux pédiatriques parisiens. La mise en œuvre de ce projet aurait des conséquences extrêmement graves d’ordre démographique, universitaire, économique, et, bien sûr, médical.
Ce projet de «déménagement» s’apparente, de fait, à une entreprise de destruction d’un pôle lourd hospitalo-universitaire dont la renommée internationale n’est plus à établir. Cette décision, si elle était confirmée, aurait des conséquences extrêmement graves pour l’offre de soins pédiatriques ; elle priverait la population francilienne d’une prise en charge médicale dont la demande est pourtant en constante augmentation.
Dans la mesure où les autres hôpitaux parisiens ne disposent absolument pas de la capacité d’accueillir les services de l’hôpital Trousseau, la décision de la direction de l’AP-HP reviendrait à dissoudre des équipes médicales efficaces et anéantirait ainsi plusieurs années de travail. Ce démantèlement aurait également pour conséquence de désarticuler des équipes de recherche dont le prestige dépasse pourtant largement les frontières de la France. En ce qui concerne la faculté de médecine de l’Université Paris VI, seule université française à figurer sur le classement de Shanghai, ce projet de démantèlement provoquerait une altération grave de l’enseignement par la disparition d’enseignants de très haut niveau en pédiatrie. L’encadrement de plus de 2 800 étudiants issus des filières médicales et paramédicales ne pourrait plus être assuré et de nombreuses unités de recherche disparaîtront. Les praticiens et les chercheurs de l’hôpital sont unanimes pour dénoncer l’hérésie médicale, universitaire et budgétaire de ce projet.
De surcroît, il s’agirait d’une décision parfaitement incohérente avec les orientations prises ces dernières années. Lors de l’inauguration de la maternité de niveau III, en octobre 2007, la direction de l’AP-HP avait notamment souligné l’éventail exceptionnel d’offre de soins avec la mise à disposition de la quasi-totalité des spécialités pédiatriques et chirurgicales de l’enfant, ainsi que d’un plateau technique diversifié de biologie, d’imagerie, de génétique et d’explorations fonctionnelles. Moins de trois ans plus tard, ce site d’excellence serait-il donc devenu superflu ?
Nous ne sommes pas opposés à une réforme rendue nécessaire par l’évolution de la science médicale et de la recherche, tout particulièrement dans le domaine de la pédiatrie. Mais la réforme doit avoir pour but d’accroître l’efficacité de ce qui existe, et non de rechercher des économies à tout prix. Or, de ce point de vue, il paraît y avoir une incohérence dans le dispositif proposé.
Globalement, l’incohérence de ce projet est totale. Elle est à l’image de l’absence de concertation avec les acteurs et les usagers concernés. Nous exigeons de la direction de l’APHP de revenir sur sa décision initiale, tant que le projet de restructuration de l'AP-HP n’aura pas fait l’objet d’un audit international indépendant, associant des épidémiologistes et des médecins de santé publique. Une large concertation avec les professionnels de santé et les usagers devra également être menée à bien. Nous vous mettons une nouvelle fois en garde contre les conséquences dramatiques qu’aurait cette décision sur la prise en charge médicale des mères et des leurs enfants. Nous rappelons également notre soutien à l’ensemble du personnel, extrêmement soudé autour de la sauvegarde de leur hôpital et déterminé pour obtenir gain de cause.
Signataires : Patricia ADAM, députée du Finistère (SRC); Marie-Hélène AMIABLE, députée des Hauts-de-Seine (GDR); Patrick BEAUDOUIN, député du Val-de-Marne (UMP); Jean-Louis BIANCO, député des Alpes-de-Haute-Provence (SRC); Serge BLISKO, député de Paris (SRC); Patrick BLOCHE, député de Paris (SRC); Danielle BOUSQUET, députée des Côtes-d'Armor (SRC); Jean-Pierre BRARD, député de la Seine-Saint-Denis (GDR); Bernard DEBRE, député de Paris (UMP); Jean-Pierre DUFAU, député des Landes (SRC); Nicolas DUPONT-AIGNAN (NI), député de l’Essonne; Joël GIRAUD, député des Hautes-Alpes (SRC); David HABIB, député des Pyrénées-Atlantiques (SRC); Michel HUNAULT, député d’Indre-et-Loire (NC); Jean-Christophe LAGARDE, député de la Seine-Saint-Denis (NC); Maurice LEROY, député du Loir-et-Cher (NC) ; François LONCLE, député de l’Eure (SRC); Franck MARLIN, député de l’Essonne (UMP); Sandrine MAZETIER, députée de Paris (SRC); Marie-Anne MONTCHAMP, députée du Val-de-Marne (UMP); Jacques MYARD, député des Yvelines (UMP) ; Françoise OLIVIER-COUPEAU, députée du Morbihan (SRC); Etienne PINTE, député des Yvelines (UMP); Eric RAOULT, député de la Seine-Saint-Denis (UMP); Chantal ROBIN-RODRIGO, députée des Hautes-Pyrénées (SRC); François ROCHEBLOINE, député de la Loire (NC) ; Daniel SPAGNOU, député des Alpes-de-Haute-Provence (UMP); Philippe VIGIER, député d’Eure-et-Loir (NC) ;
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire